François Dalmas
Artiste
Le dilettante magnifique
Publié le – Mis à jour le
Assis au fond de son restaurant, il dessine. Il commence toujours par un coin de la feuille, puis il s’étend au gré de son idée, dissimulant dans les volutes et sinuosités de son graphisme tourmenté des visages, des corps, des animaux. « Parfois, ça coince et je ne finis pas. Je ne peux pas revenir en arrière. » Souvent le dessin aboutit, et l’on n’est plus très loin de ses maîtres, les grands Druillet, Franquin ou Gotlib. Touche-à-tout, « artiste en gros », autodidacte tenace et pudique, François Dalmas a deux facettes (au moins) : l’homme public, chaleureux et serviable, qui officie au Borsalino, le restaurant de sa compagne Christine, boulevard Jean-Jaurès. Derrière son comptoir, au four et au moulin, ou plutôt à la cave et au moulin, car le four, c’est Christine. Homme-à-tout-faire et ami fidèle, François ne dévoile pas à tout un chacun son jardin secret ni le trésor qu’il a dans les mains.
« Quand j’étais gamin, à l’école, c’était : bravo en dessin, mais zéro en maths ! Sinon, l’histoire, j’aimais bien. J’ai appris à dessiner avec Rahan et les Marvels. À Noël, ma mère faisait toujours des crèches énormes, c’était un véritable rituel. Une année, vers douze ou treize ans, j’ai voulu lui en offrir une que j’ai construite entièrement en balsa. Des amis m’ont demandé la même, et de fil en aiguille j’ai passé une annonce dans le journal et je me suis mis à travailler sur commande. »
Entretemps, après avoir été maçon puis chauffagiste industriel, il doit se reconvertir à 28 ans après un accident à l’épaule : devenu restaurateur-artiste, ou artiste-restaurateur, il développe ses propres techniques dans son atelier, jusqu’à ce que le célèbre santonnier René Pesante frappe à sa porte : « Il m’a dit : vos décors m’intéressent, mais je ne veux pas de polystyrène, pour moi ce sera seulement du plâtre et du carton. Lorsque je suis allé le voir dans sa bastide à Saint-Jean-de-Garguier, j’ai été ébloui par sa collection, je n’imaginais pas de telles beautés. » C’est le début d’une collaboration de vingt années.
François modifie sa technique, travaillant d’abord l’argile humide, sur laquelle il applique une matrice en silicone qui lui permettra de mouler le plâtre. « J’ai toujours eu un atelier, des machines pour travailler le bois, le liège. Deux scies à ruban, un établi. Et des matrices dont certaines ont plus de trente ans. » Sur les murs et dans les cartons, des esquisses, des aquarelles, des tentatives interrompues ou en attente, autant de fenêtres sur un monde intérieur à la fois tourmenté et bienheureux, où l’enfance n’est jamais très loin de l’abîme. Le monde d’un homme deux fois grand-père, qui a beaucoup écouté et jamais abandonné.
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