Estelle Cascino

Sportive

Enfant de la balle
j’ai tout sacrifié pour ça

Publié le – Mis à jour le

Quand ils l’inscrivent au Tennis Club Aubagne (TCA) à quatre ans et demi, les parents d’Estelle Cascino y voient surtout un moyen d’apaiser une enfant hyperactive. « Ils n’étaient pas vraiment amateurs de tennis, et moi-même je n’ai jamais eu la vocation précoce d’un Djokovic ou d’une Serena Williams ! » admet-elle. Pourtant très vite, le jeu la happe : « je me suis mise à gagner des tournois rapidement, j’ai été repérée par la Ligue de Provence, puis par la Fédération, ce qui est une occasion énorme pour progresser ».

Formée à Aubagne jusqu’à onze ans, Estelle intègre ensuite un internat sportif à Poitiers et bénéficie d’un financement de la Fédération qui lui permet de participer aux tournois dans le monde entier. « J’ai commencé à m’entraîner tous les jours en poursuivant ma scolarité par correspondance, je voyageais beaucoup. À dix-huit ans je suis passée professionnelle: j’étais capable de m’autofinancer, j’étais libre d’aller où je voulais ».

Aujourd’hui, à 26 ans, Estelle Cascino est devenue la 22e joueuse française, 445e mondiale en simple, 127e mondiale double. Elle connaît le prix de cette liberté : « Physiquement, le tennis professionnel c’est très dur : je joue au tennis tous les jours, je suis loin de chez moi 25 semaines par an. On a une vie particulière, on est toujours à droite à gauche… moi j’ai tout sacrifié pour ça : j’ai loupé plein de fêtes familiales, des événements plus tristes aussi, au cours desquels j’aurais préféré être avec les miens qu’à l’autre bout de la planète. »

Retour aux sources avec la Sud Tennis Académie

Après un passage à Aix-en-Provence, Estelle Cascino revient aujourd’hui à Aubagne par l’intermédiaire de la Sud Tennis Académie (STA), une structure dédiée à l’entraînement de haut niveau, qui a noué l’année dernière un partenariat avec le club aubagnais. « Je retrouve Aubagne, qui a bien changé tout en restant la même », sourit-elle.

« Le club a beaucoup évolué, avec ses 14 courts dont deux en GreenSet (surface rapide) et un en terre battue, très utile pour préparer Roland Garros. » Avec ses bons résultats en double, elle espère être qualifiée pour le plus grand tournoi français en juin : « Je joue le plus souvent possible avec Jessika Ponchet, nous sommes les 3e et 4e joueuses françaises en double. Dans les tournois, nous arrivons avec notre touche « frenchy ». Mon objectif est d’atteindre le 80e rang mondial en double, qui me permettrait de jouer directement dans les tournois du Grand chelem. » Un objectif atteignable car Estelle ne joue régulièrement en double que depuis deux ans et possède encore une bonne marge de progression.

Pour Valérie Séropian, la présidente du TCA, « Estelle est restée proche du club même après son départ. Elle est revenue régulièrement nous voir et participer quand elle le pouvait au tournoi du club ». Sa présence sur les courts du TCA lui permet de transmettre son expérience aux jeunes du club : « Dans ce sport il faut être très fort tous les jours de l’année pour gagner sa vie. On n’y arrive que si l’on aime ce que l’on fait. Il faut être solide psychologiquement, être têtue. Le soutien des proches est essentiel. Et puis il faut un petit quelque chose en plus qu’on ne définit pas. » Ce petit quelque chose, Estelle, elle l’a !