Christine Bounas
À la hauteur !
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Le brouillard enveloppe les cimes, la neige ralentit la progression. Tomber, se relever. L’ascension du Gran Paradiso restera à jamais gravée dans la mémoire de Christine Bounas. Unies par l’effort, encordées cinq par cinq avec leurs guides, unies aussi par leur combat contre le cancer, 24 femmes réunies par l’ADER (Association pour un défi, un élan et une reconquête) se lancent ce petit matin de juillet à l’assaut du pic italien, armées de leur courage et de la formidable énergie qui a soudé leur groupe pendant les semaines d’entraînement.
Certaines sont en rémission, d’autres encore en traitement, toutes n’atteindront pas la même altitude, mais qu’importe : « J’ai fait partie de la dizaine qui est montée jusqu’à 3 700 mètres, les guides n’ont pas voulu que l’on aille plus loin » se souvient Christine. « Mais lorsque nous sommes redescendues, lors de la première soirée au gîte, le groupe dégageait quelque chose d’extraordinaire, une force qui faisait que les gens ne voulaient plus nous quitter ! Un guide m’a dit que c’était la plus belle expérience de sa vie… »
Le sport et l’engagement ont toujours fait partie de l’univers de Christine Bounas. Membre du Lions Club Garlaban, ancienne monitrice d’équitation, elle a sa licence au club cycliste VTT Garlaban ainsi qu’au club de triathlon d’Aubagne. « J’étais 2e aux Bosses de Provence en 2021, 3e en 2022. Lorsqu’on m’a diagnostiqué un lymphome en avril 2023, je me suis ajouté un sport supplémentaire : le crossfit. Je voulais tellement me sentir vivante ! » La maladie l’atteint comme une vague insurmontable : « Elle vous enlève tout : féminité, libido, estime de soi, et même mon travail… J’ai aussi appris qu’il y a deux formes de rémission : l’une est médicamenteuse, l’autre est la rémission psychologique. Celle-ci est longue et douloureuse, personne ne vous y prépare. »
Sa reconstruction commence avec l’équipe pluridisciplinaire de la Clinique de Bonneveine où elle rencontre l’onco-coach Christophe Pignol, qui lui propose de participer à l’ascension du Gran Paradiso. « Il m’a fallu du temps pour réaliser que cette maladie m’a apporté plus que ce qu’elle m’a pris. C’est quelque chose que je peux dire aujourd’hui, mais toutes ne le pourront pas. Il y a de sacrées nanas dans ce groupe ! Nous nous retrouvons souvent pour des pique-niques, des sorties en paddle. Parce qu’il ne faut pas que cette flamme s’éteigne ! »