Patrimoine industriel
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Les cheminées d’Aubagne
Aubagne n’est pas devenue capitale de l’argile par hasard. De nombreux filons ont permis aux usines de se développer particulièrement dans notre ville, et notamment au quartier du Rosier situé entre Peypagan et les Vaux. C’est ainsi qu’on pouvait observer au début du XXe siècle un nombre impressionnant de cheminées dans le ciel aubagnais : Barrielle, Arnaud, Pichou, Rigaud, Maurel, Ravel, la Société des Faïenceries Nouvelles… Autant de fabriques de poteries, de céramique, de tuiles, qui auront fait la renommée d’Aubagne.
De nos jours, on peut encore observer quelques cheminées qui annoncent l’arrivée en terre d’argile :
- La cheminée de la faïencerie Isnard, à l’entrée nord de la ville (Pin Vert) date de 1910 et fonctionne jusqu’en 1984.
- La cheminée des établissements Ebé (ancienne scierie Richelme) au quartier Saint-Joseph, près du pont des Six Fenêtres.
- La cheminée du moulin Roubaud, aujourd’hui école de céramique.
- La faïencerie Louis Sicard et sa petite cheminée carrée au boulevard Emile Combes.
- La cheminée de la poterie Ravel à l’est de la ville, à côté du lycée Joliot-Curie.
- La cheminée de l’ancienne poterie Gemolini, en bordure de la Route Nationale 8 avant d’arriver à La Penne-sur-Huveaune.
Les moulins, le béal et l’Huveaune
Si la poterie et la céramique représentent indéniablement la part la plus importante de l’industrie aubagnaise au XIXe siècle, ce ne sont pas les activités les plus anciennes. Depuis le XIIe siècle, un canal d’irrigation appelé “béal” a été creusé depuis Pont de l’Etoile jusqu’au quartier de l’Evêché (aujourd’hui quartier de la Gare). Ce canal irriguait notamment la plaine de Beaudinard, mais alimentait aussi deux moulins à farine : le moulin du Canonicat (XIIe siècle) et le moulin des Roubaud (XIVe siècle). Au fil des siècles, de nombreuses usines vont également utiliser l’eau du béal et de l’Huveaune pour développer leur activité : draperies, verrerie, tanneries (Grawitz, Aufren, Copello, Givonne), scieries (Rey, Monier), cimenterie (Boyer), minoteries (Lescot puis Cayol, Roman)…
Aujourd’hui, la plupart des moulins ont été détruits ou ne sont plus visibles. En revanche, le moulin Roman, anciennement connu sous le nom de “moulin du Canedel” est toujours intacte. On peut l’observer en arrivant à La Tourtelle du côté droit de la RN8. Toujours à La Tourtelle, le moulin de la Peyronne qui fut tour à tour une filature de coton puis une usine de broyage hydraulique, se situe entre le centre de maintenance des tramways et l’Huveaune. Il est aujourd’hui abandonné. Enfin, le moulin des Roubaud, reconstruit en 1850 par Henri Lescot, est toujours visible sur l’avenue Roger Salengro.
Les grandes usines
Témoins du fort développement industriel de la ville d’Aubagne au siècle dernier, de grandes usines émaillaient notre territoire, laissant parfois une trace toujours visible de nos jours. C’est le cas par exemple de la société de produits chimiques (gélatines et engrais) Rousselot, anciennement basée à La Tourtelle. Les produits fabriqués par l’usine créée en 1901, reconnus pour leur qualité, s’exportaient à l’international jusqu’à ce que la fabrique ferme ses portes en 2004. Le chemin de la Gélatine rappelle aujourd’hui cette activité.
Entre 1860 et 1936, l’abattoir municipal se trouvait dans le quartier des Défensions. L’immense bâtiment peut encore être observé aujourd’hui car il a été transformé en bureaux. Il abrite aujourd’hui le Pôle Enfance. En 1936, les nouveaux abattoirs sont construits à La Tourtelle.
Impossible d’évoquer les grandes fabriques sans faire référence à Procéram. Cet ancien fleuron de la céramique aubagnaise fut créé en 1908 sous le nom de “Société des Faïenceries d’Aubagne” (S.F.A.). Spécialisée dans la vaisselle et les carreaux, la S.F.A., poussée par des innovations permanentes, s’impose très vite comme un des plus grands producteurs locaux. Renommée brièvement Faïencerie Nouvelle de Provence entre 1929 et 1938, elle passera à la postérité sous le nom de Proceram à partir de 1939. Si la société a cessé son activité en 1977 et que l’usine a laissé place à un nouveau quartier, les carreaux de Proceram ornent encore certaines devantures d’Aubagne. Quelques fresques des frères Vaglini qui y travaillaient peuvent encore être observées aujourd’hui, notamment dans la rue Peypagan et sous les halles de la place de Guin.
Le saviez-vous ?
- Aubagne a également été le siège de plusieurs fabriques de limonade, rue de la République et route de Roquevaire.
- En 1913, environ 40% des ouvriers dans les usines aubagnaises sont Italiens.
- Les établissements Coder Frères, qui ont fabriqué de nombreux wagons et voitures pour la SNCF, sont nés à Aubagne, rue de la République, avant de s’installer à Saint-Marcel en 1919. Le père des frères Louis et Joseph était d’ailleurs déjà charron au 109 rue de la République en 1894.