Le clocher de l’Observance
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Au XVIIe siècle, une religiosité affirmée
Au XVIIe siècle, Aubagne voit son territoire se couvrir de nombreuses chapelles : Notre-Dame de Roquefort (La Demande), le Tiers-Ordre de Saint-François (rue du Château), Notre-Dame des Neiges (Beaudinard), Notre-Dame de Bonne-Nouvelle (Les Paluds), Sainte-Rose (rue Sainte-Rose) et bien d’autres…
C’est dans ce contexte que les moines franciscains de l’Observance fondent en 1609 une congrégation dans la dénommée “ville neuve” (partie de la ville entre le boulevard Jean Jaurès et la rue Chaulan). Avant de faire bâtir leur couvent, les religieux franciscains de l’Observance occupent et agrandissent la chapelle Saint-Roch (angle de la rue de l’Egalité et du bd Jean Jaurès).
Le couvent de l’Observance
La Commune fait ensuite l’achat de vingt-quatre emplacements de maisons derrière la chapelle Saint-Roch dans le nouveau quartier qui prit alors le nom de Saint-François. Elle en conserve cinq pour créer une grande place que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de place Joseph Rau (ex-place de l’Observance), face au couvent.
La première pierre du couvent est posée officiellement le 12 mai 1613 par Monseigneur Jacques Turricella, religieux de cet ordre, évêque de Marseille (1605-1618) et seigneur d’Aubagne. Cet ensemble s’étend sur une grande surface délimitée par les rues de la République, Jean-Jacques Rousseau, Mistral, Mireille et Lucienne Tourrel.
Achevé en 1645, il comprend de nombreux bâtiments. L’église conventuelle sous le titre de Notre-Dame d’Espérance, orientée est/ouest, est flanquée au nord par une chapelle et au sud par un jardin et un cimetière.
Le couvent est occupé à partir de 1633. Le 2 novembre 1646, les frères observantins font l’acquisition de 12 places de maisons supplémentaires afin d’isoler le couvent. C’est seulement le 24 avril 1717 que Monseigneur de Belzunce consacre l’église.
Une lente agonie
Les frères sont décimés par les épidémies de peste qui se succèdent et pendant lesquelles ils font preuve d’un dévouement sans limite. Ainsi, 10 des 12 moines qui habitaient le couvent sont victimes de la maladie en 1720.
A la Révolution, les quatre religieux restant décident de sortir du couvent qui sera vendu aux enchères avec son mobilier en 1791. L’acquéreur n’est autre que la Commune, ce qui permet de sauver le couvent et son mobilier jusqu’en 1793, avant que les plus farouches révolutionnaires ne le pillent. Seule la statue de Notre-Dame d’Espérance est sauvée par des Aubagnais qui la cachent dans une niche de l’église.
Après une remise aux enchères et une mise en indivision, l’église est donnée en 1806 à la Commune qui la réaffecte aussitôt au culte. En 1834, une chapelle dite des Filles de Marie est construite le long du mur sud de l’église sur l’emplacement de l’ancien cimetière des observantins. Il s’agit aujourd’hui de la Chapelle Saint-Jérôme de l’Observance où se déroule toujours le culte.
En 1881, l’église de l’Observance et le couvent sont détruits pour cause de vétusté. Enfin, en 1969, la chapelle Notre-Dame de l’Espérance est démolie, réduisant la chapelle à sa taille actuelle.
Un clocher rare
Si aucun document ne permet de dater exactement la construction du clocher, on estime que celle-ci a lieu dans la seconde moitié du XVIIe siècle, vers 1680. Son auteur est inconnu mais il est clairement visible qu’il s’agissait d’un tailleur de pierre très qualifié. La trompe témoigne de la maîtrise parfaite des règles de la stéréotomie. La structure épurée du clocher mêle les lignes géométriques à la douceur des courbes, caractéristique de l’architecture classico-baroque rencontré dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Mais la particularité la plus étonnante de ce clocher est qu’il n’est composé que de trois pans, rareté architecturale typique de l’arrière-pays niçois qui en compte une vingtaine.
Le saviez-vous ?
- La statue de Notre-Dame de l’Espérance, sauvée de la destruction par les Aubagnais, est aujourd’hui visible dans l’église Saint-Sauveur.
- La place de l’Observance a longtemps servi de place du marché.
- Joseph Rau, dont le nom a remplacé celui de l’ancienne place de l’Observance, n’a jamais existé ! Le révolutionnaire du bataillon des Fédérés Marseillais mort aux Tuileries le 10 août 1792, s’appelait en fait Dominique Rau.
- En 2017, des travaux pour enterrer des conteneurs ont mis à jour les fondations de l’église de l’Observance.