La Légion étrangère

En 1962, suite aux Accords d'Evian, 10 000 légionnaires et leurs familles doivent quitter la ville algérienne de Sidi-Bel-Abbès qu'ils ont construite de leurs mains depuis leur installation en 1843. Mais où les rapatrier ? Aucun camp ne peut tous les accueillir. La Légion sera donc éparpillée dans le sud de la France : Puyloubier, la Corse… et Aubagne.

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La rumeur

Début 1962, le camp de la Demande est occupé. Le Centre d’instruction de la Gendarmerie Mobile et le Groupe Régional d’Exploitation des Transmissions (G.R.E.T) 809 y ont élu domicile quelques années auparavant, succédant à l’Armée de Terre. Pourtant, dès la mi-mai 1962, les rumeurs vont bon train sur l’arrivée de la Légion étrangère à Aubagne, rumeurs relayées par le journal local “Le Provençal”.

La nouvelle est confirmée en juin : Aubagne sera le prochain siège de la Légion étrangère. Dès le mois de juillet, des centaines de soldats embarquent pour la métropole et commencent à s’entasser dans un camp de La Demande inadapté à recevoir autant de soldats. Un plan de réaménagement du camp de plusieurs milliards de francs est alors prévu. Les familles, elles, sont logées provisoirement au camp de repos de la Légion à La Ciotat. Le Ministre des Armées Pierre Messmer en personne supervise les opérations.

L’arrivée

Le 24 octobre, la Légion fait ses adieux à Sidi-Bel-Abbès. Le lendemain, les derniers légionnaires d’Algérie ainsi que le commandant du 1er RE, le colonel Vaillant, montent à bord du paquebot Sidi-Bel-Abbès en direction du port de La Joliette à Marseille. Il y accoste le 26 octobre à 16h. La Légion est accueillie avec tous les honneurs et en musique par le général Houssay, commandant de la 9e Région Militaire. L’arrivée au camp de La Demande se fera à 18h, à la lueur des flambeaux. On  joue La Marseillaise, puis Le Boudin.

La Légion et Aubagne doivent alors apprendre à s’apprivoiser. Le 3 novembre, le colonel Vaillant et quelques officiers sont reçus à l’hôtel de ville par le maire Yves Chouquet et la plupart des conseillers municipaux, le sénateur Delpuech et le député Leenhardt, le curé de la paroisse, des représentants de la gendarmerie, des pompiers, de la police et de diverses associations et organismes liés à la ville.

L’installation et l’intégration

Dès son arrivée à Aubagne, la Légion étrangère participe aux événements commémoratifs et patriotiques de la ville. Ainsi, le 11 novembre 1962, de nombreux officiers du 1er Régiment Etranger participent aux commémorations de l’Armistice à Aubagne. Quelques semaines plus tard, le 1er décembre, la célèbre Musique de la Légion étrangère déambule dans la ville, depuis le quartier Ganteaume jusqu’au cours Voltaire où elle donne un concert.

Il ne reste plus à nos légionnaires qu’à bâtir un camp à leur image. D’abord, le Monument aux Morts, érigé en 1931 en Algérie, est reconstitué au bout de la voie sacrée et inauguré en 1963 lors du centenaire de Camerone qui est aussi le premier en métropole. Suivent la construction du nouveau quartier Viénot et celle du Musée de la Légion étrangère, achevé en 1966.

Le saviez-vous ?

  • La première pierre est encore visible aujourd’hui à l’accueil de la caserne Viénot.
  • En 2014, le 1er Régiment Etranger de Cavalerie s’installait au camp de Carpiagne, renforçant ainsi la présence de la Légion à Aubagne !
  • Camerone commémore… une défaite de la Légion étrangère au Mexique en 1863 ! Mais la résistance héroïque d’une poignée de légionnaires face à une armée de Mexicains en a fait une bataille légendaire dont le récit est narré tous les ans lors du défilé.
  • Le Monument aux Morts, la voie sacrée ainsi que la crypte et la salle d’honneur ont été inscrits au titre des Monuments Historiques en janvier 2019. Le Monument a ensuite été classé en 2020.
  • Depuis 2022, la Ville d’Aubagne a été faite légionnaire d’honneur 1ère classe pour célébrer les 60 ans de vie commune entre les deux institutions.

La Légion à Aubagne aujourd’hui