Thérèse Neveu
Publié le
Thérèse Sicard
Thérèse Sicard naît le 4 février 1866 sur la place de Guin. Sœur de Louis Sicard, c’est bien grâce à son frère qu’elle découvre le travail de l’argile et c’est d’ailleurs lui qui l’encourage à fabriquer des santons. Devenue Thérèse Neveu après son mariage avec Louis Neveu à l’Estaque le 5 janvier 1889, elle trouve également en son mari, tourneur, un soutien infaillible.
Les Neveu s’installent donc à côté du presbytère, dans une maison construite sur les anciens remparts médiévaux. Cet atelier de la cour de Clastre deviendra l’un des plus importants d’Aubagne et vaudra à Thérèse son surnom de “Dame de Clastre”.
La “bello santouniero”
Elle ne se limite pas à reproduire les santons typiques de la crèche, mais donne libre cours à son inspiration en créant une multitude de personnages qui font sa renommée : Jordan, Roustide, Batoumieù, Margarido ou Virginie de Garlaban. Ses santons, en plus d’être cuits au four, procédé tout nouveau à l’époque, sont habillés, la plupart du temps avec des costumes traditionnels déjà désuets en XXe siècle et qui contribuent à leur succès. Son inspiration, Thérèse la trouve également dans la rue, puisque Margarido porte les traits de la cousine du chanoine Blanc, le curé de la paroisse, et que Virginie est la santonnification d’une paysanne des Solans qui vendait ses lapins sur le marché d’Aubagne.
Une famille d’artistes
Les Neveu travaillent en famille. Les enfants participent donc à l’entreprise familiale. Certains peignent, d’autre cuisent, les derniers moulent… et l’atelier fleurit, atteignant près de 15 000 exemplaires en 1925. Parmi ses huit enfants, plusieurs développent un talent dans les différents arts : l’opéra, le théâtre, la musique, la peinture, mais aussi dans l’argile. Magdeleine, premier prix de sculpture de l’Académie des Beaux-Arts de Marseille, est sans doute celle qui a le plus grand avenir devant elle. Elle décède malheureusement de la grippe espagnole en 1917.
Thérèse meurt le 12 juillet 1946 à l’âge de 80 ans, quinze jours seulement après son frère Louis Sicard.
La postérité
Les talents de la “Dame de Clastre” sont reconnus par tous les spécialistes. Ses santons s’arrachent aujourd’hui à prix d’or dans les brocantes. Quant à l’atelier de la cour de Clastre, il est détruit et reconstruit sous forme de musée en 1995 : les Ateliers Thérèse Neveu, devenus ensuite Cité de l’Art santonnier, rendaient hommage à la santonnière et plus généralement à la tradition des santons en Provence. Aujourd’hui, c’est le Petit Monde de Marcel Pagnol qui y a élu domicile, même si la famille Neveu n’est pas oubliée. L’enceinte garde donc toujours sa vocation d’hommage à l’Art santonnier.
Le saviez-vous ?
- La crèche qui est exposée tous les ans à l’église Saint-Sauveur au moment des fêtes calendales est entièrement composée de santons de Thérèse Neveu.
- La Dame de Clastre n’était pas du tout intéressée par l’argent. Il lui arrivait de ne pas vendre un santon auquel elle s’était attachée et d’offrir des crèches entières comme à Frédéric Mistral par exemple en 1904.
- Une crèche monumentale de Thérèse Neveu a orné pendant un temps l’Abbaye de Westminster en Angleterre !