Louis Sicard
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Les débuts
Né le 19 janvier 1871 place de l’Observance, Louis Sicard est immergé dans l’univers de la poterie. Son père, Léon, est potier et se consacre à la création de creusets. C’est ainsi que le petit Louis apprend à tourner dès l’âge de 12 ans. Son habileté le fait remarquer même par la reine Victoria qu’il rencontre en 1891 à Menton et à qui il fait une démonstration de tournage. Il ne manque plus à l’artiste qu’une solide formation théorique pour développer ses talents.
La naissance de la cigale et la maturité artistique
En 1895, la Société générale des Tuileries de Marseille commande à Louis Sicard, qui travaille alors dans la fabrique Aubert, un cadeau d’entreprise qui représenterait la Provence. Imprégné de l’identité provençale et des auteurs du Félibrige, Louis Sicard choisit de représenter une cigale sur un rameau d’olivier et signe avec la devise mistralienne “Lou Soulèu mi fa canta” (le soleil me fait chanter). La cigale aubagnaise est née.
En 1898, Sicard intègre l’école des Beaux-Arts de Marseille où il recevra les enseignements du sculpteur Aldebert. Il commencera alors à fabriquer des portraits de célébrités locales ou nationales sous forme de médaillons qui lui vaudront une certaine renommée. Mais la star de sa production n’est autre que la cigale. Il la décline en la mettant en applique sur des plats, des vases, des cendriers… Le succès est garanti. Un courant artistique très en vogue au début du XXe siècle a fortement marqué la production de Sicard : l’Art Nouveau. Ainsi, les fleurs en applique ou les paysages peints à la main rendent facilement identifiable cette période de production de l’artiste.
De l’atelier à l’école
A partir de 1901 et jusqu’en 1943, Sicard donne des cours de tournage et de modelage à l’école de garçons du boulevard Lakanal. Il sera même nommé en 1924 enseignant de céramique à l’école des Beaux-Arts de Marseille.
Sicard a travaillé dans de nombreux ateliers : Apt, Menton, Bollène pendant sa formation, puis Siméon Aubert et Barrielle à Aubagne. Ce n’est qu’en 1922 qu’il loue son propre atelier à Charles Rémuzat dans le quartier du Rosier, atelier qu’il achète en 1926 pour y créer sa propre entreprise avec ses fils Théo et Georges.
Le poète
Proche des milieux artistiques et littéraires marseillais et provençaux, Louis Sicard sait aussi écrire. Il publie même dans le journal marseillais La Sartan des poèmes et des contes en provençal appréciés par les félibres. Il est également à l’origine du célèbre distique :
L’argiélo es dins les man de l’ome
Ce que l’ome es dins les man de Dièu.L’argile est dans les mains de l’homme
Ce que l’homme est dans les mains de Dieu.
L’artiste s’éteint le 28 juin 1946 dans sa demeure située au 16 cours Barthélemy. Quelques jours plus tard, le Conseil Municipal décide de nommer la place qui se situe juste à côté “place Louis Sicard”.
Le saviez-vous ?
- La famille Sicard est une famille d’artistes : Thérèse, la sœur de Louis, n’est autre que Thérèse Neveu, la plus célèbre santonnière provençale. Théo et Georges, ses fils, ont eux aussi excellé dans les arts. Théo était, comme son père, un tourneur et un sculpteur d’exception, alors que Georges était un littéraire et conteur confirmé.
- Le 16 cours Barthélemy, où vivait Louis Sicard depuis 1911, est aussi la maison natale de Marcel Pagnol !
- L’atelier Louis Sicard existe toujours. “L’Usine”, comme on l’appelait, a été transférée à la famille Amy par Georges. La cheminée de l’atelier est d’ailleurs l’une des seules à dépasser encore des toits aubagnais…