L’abbé Jean-Jacques Barthélemy

Numismate, archéologue, philologue et écrivain, les nombreux talents de notre abbé lui ont valu d'être le premier académicien aubagnais.

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Une jeunesse studieuse

Jean-Jacques Barthélemy naît à Cassis le 20 janvier 1716, alors que sa mère, Madeleine Rastit, rend visite à ses parents. Mais c’est bien à Aubagne, où son père Joseph possède une grande demeure au quartier de Craux, que le futur abbé passe sa tendre enfance. Jouissant d’une certaine aisance financière, le père de Jean-Jacques l’envoie étudier au Collège de l’Oratoire à Marseille où il reçoit une solide formation humaniste. Plus tard, chez les Jésuites, il apprend le grec, l’hébreu, l’arabe et diverses langues orientales pour lesquelles il se passionne.

L’entrée dans le cercle des érudits

A 24 ans, il revient à Aubagne où il peut se consacrer librement à ses passions : l’archéologie, la numismatique et les langues orientales. Son intelligence et son envie d’apprendre sont telles que les savants de l’Académie de Marseille lui recommandent d’aller à Paris où il est rapidement remarqué.

C’est le garde du Cabinet des Médailles du Roi, M. Gros de Boze, qui le prend sous son aile. L’abbé prendra la place de son maître après sa mort.

Son érudition impressionne tellement qu’en 1747, alors qu’il n’a que 31 ans et qu’il n’a encore rien publié sous son nom, il est nommé membre de l’Académie Royale des Inscriptions et des Belles Lettres.

Des passions nombreuses

La numismatique

Avec Gros de Boze, l’abbé Barthélemy côtoie l’univers de la numismatique, domaine dans lequel il excelle. Il crée par exemple une nouvelle méthode d’analyse des monnaies anciennes qui marque le début d’une nouvelle ère dans cet art. Il fait également ouvrir le Cabinet des Médailles au public pour contribuer à son rayonnement, puis y ajoute un Cabinet des Antiques. Grâce à ses relations, il enrichit considérablement les collections.

L’archéologie

La proximité du quartier de Craux avec celui de Saint-Jean-de-Garguier à Gémenos offre à l’abbé un terrain de jeu à portée de main dans son enfance. Il se forme donc seul en procédant à des fouilles dans le secteur. Mais c’est son voyage en Italie (Rome, Herculanum, Naples), entre 1755 et 1757, qui sera décisif dans sa formation archéologique.

La philologie

Sa passion pour les langues orientales combinée à celle de l’archéologie le poussent à se confronter à des langues disparues que nul ne sait alors déchiffrer. Là encore, son talent en impressionne plus d’un. On dit qu’il déchiffre en deux jours l’alphabet de Palmyre que personne n’était arrivé à déchiffrer depuis le début du XVIIe siècle. C’est également à lui que l’on doit le déchiffrement de l’alphabet phénicien. Pour ce faire, l’abbé met à profit sa connaissance d’autres langues orientales pour les comparer à l’alphabet phénicien et l’interpréter en conséquence.

Notre abbé s’est ensuite mis en tête de déchiffrer… les hiéroglyphes ! Mais la pierre de Rosette ne sera découverte qu’après sa mort. Champollion utilisera d’ailleurs la méthode et les présupposés de l’abbé Barthélemy pour déchiffrer l’alphabet égyptien.

L’écriture

C’est à la fin de sa vie que l’abbé se lance dans la rédaction d’un ouvrage qui fera date. Publié en 1788, le Voyage du Jeune Anacharsis en Grèce, vers le IVe siècle avant l’ère vulgaire est ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui un “best seller”. L’abbé impressionne ici ses pairs par la précision d’une rigueur toute scientifique des descriptions des paysages de la Grèce Antique alors que celui-ci n’est jamais allé dans ce pays. Le livre est un tel succès qu’il doit être réédité une quarantaine de fois.

Une fin de vie en dents de scie

Fort de son succès littéraire et de son érudition, l’abbé Barthélemy est élu à l’Académie Française en 1789, quelques temps avant la Révolution. Pendant la Terreur, l’abbé, accusé du crime d’aristocratie, est brièvement emprisonné. Il est ensuite relâché et se voit proposer la direction de la Bibliothèque Nationale. Il refuse pourtant cet honneur suprême pour reprendre la direction du Cabinet des Médailles et des Antiques où il s’acharne à intégrer les nombreuses monnaies et médailles enlevées de Province pour être centralisées à Paris.

A sa mort, le 30 avril 1795, les collections du Cabinet des Médailles ont presque doublé.

La postérité : le monument

Au XIXe siècle, sous l’Empire et la Restauration, un vaste programme de glorification des célébrités locales et nationales est lancé. Aubagne y répond en 1823 avec la décision du Conseil Municipal d’ériger un monument à l’abbé Barthélemy décédé moins de trente ans en arrière. Le préfet demande au Marquis François de Barthélemy, qui n’était autre que le neveu de l’abbé, de lui apporter aide et conseil dans la réalisation du monument. Le Marquis finance donc le buste en marbre de son oncle et dirige l’architecte Michel-Robert Penchaud dans la conception du monument. Le buste est sculpté par Henri-Joseph Ruxthiel, de nationalité belge, qui était l’apprenti de Jean-Antoine Houdon. Ce dernier avait réalisé en 1802 le buste de l’abbé Barthélemy conservé jusqu’à nos jours dans le Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale.

Le monument est inauguré dans la rue Saint-Matthieu (actuel boulevard Jean-Jaurès) le 28 septembre 1828 en présence du préfet, du maire ainsi que de représentants des communes voisines. Gênant un charroi de plus en plus important, le monument est déplacé une première fois le 1er décembre 1893 sur le cours Barthélemy. En 1968, la municipalité décide le démembrement du monument qui est transféré au cimetière des Passons. L’édicule qui abritait le buste est adossé au mur délimitant le cimetière à l’Est . La stèle contenant les inscriptions commémoratives est retournée vers l’intérieur de la niche. Juste devant l’édicule figure le piédestal portant un buste de l’abbé. Cet ensemble, agrémenté de deux jardinières de chaque côté, forme aujourd’hui le monument funéraire du père de l’abbé, Joseph Barthélemy. Les vasques, elles, ont été réutilisées comme telles recueillant des points d’eau dans deux allées du cimetière. Quant au socle qui comportait les mufles de lion, il a disparu sans laisser de trace.

Le saviez-vous ?

  • On ne sait pas où a été enterré l’abbé Barthélemy après sa mort.
  • C’est André Barthélemy de Courçay, neveu de l’abbé né à Aubagne en 1744, qui prend la direction du cabinet des médailles après son oncle.
  • L’abbé Barthélemy a fait commencer les fouilles archéologiques de Tauroentum à Saint-Cyr-sur-mer en 1755.
  • A l’Académie Française, il occupait le siège n°19, qui sera occupé quelques années après par Chateaubriand.