Histoire : Charloun Rieu, poète du terroir provençal

Charloun Rieu, de son vrai nom Charles Rieu, disparu en 1924, est une figure emblématique de la littérature provençale du XIXe siècle.

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Le Fonds Guasco conservé à la Médiathèque Marcel Pagnol met à la disposition de tous, de très nombreux documents, partitions et ouvrages qui témoignent de l’attachement indéfectible à la culture et à la langue provençales de ce poète et écrivain. Né le 22 octobre 1846 à Saint-Martin-de-Crau, Charloun Rieu, surnommé affectueusement «le barde de la Crau», a su capter l’essence de son territoire natal, ses paysages, sa langue, ses traditions et ses gens, à travers une œuvre poétique qui est pour lui un moyen d’exprimer l’amour de sa terre et de préserver la mémoire de ses ancêtres.

Issu d’une famille de modestes agriculteurs, Charloun Rieu n’a jamais quitté son rôle de berger, même après avoir acquis une notoriété littéraire. Il passe une grande partie de sa vie à garder des troupeaux dans les vastes plaines de la Crau, ce qui lui laisse le temps de composer ses poèmes et les mettre en chansons en empruntant les airs populaires à succès. Antoine Guasco, qui vouait une profonde admiration pour le poète, a transcrit méticuleusement ses poèmes et les musiques sur lesquelles ils étaient chantés. Quatre classeurs de notes, de poèmes et de partitions attendent les musiciens.

Charloun Rieu est un disciple du Félibrige, un courant littéraire fondé en 1854 par Frédéric Mistral et d’autres écrivains provençaux pour promouvoir la langue et la culture d’oc. Il trouve dans cette association une source d’inspiration et un cadre pour faire vivre son œuvre. En 1896, il publie son recueil de poèmes Li Cant dóu Terraire (Les Chants du Terroir), une œuvre majeure où il chante la beauté des paysages provençaux, les saisons, les fêtes villageoises et les coutumes de sa région. Son style est à la fois simple, touchant et empreint d’une ,sincérité désarmante.

Charloun utilise un parler local, riche et coloré, qui transporte le lecteur dans les champs de la Crau, au milieu des troupeaux et des oliviers. Il fait de sa poésie un véritable témoignage ethnographique et linguistique, mais aussi une célébration de la culture provençale, à une époque où celle-ci souffre de marginalisation face à la langue française qui s’impose dans les écoles et les institutions. En cela, il est le gardien d’une mémoire précieuse.