Patrimoine : 1624 – Les Pénitents Blancs, quatre fois centenaire

Qui n’a pas eu l’envie un jour de pousser la porte de cette belle chapelle de la montée de la Planque, la chapelle des Pénitents blancs ?

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Cantonnement à l'intérieur des Pénitents Blancs durant la Première Guerre mondiale - Agrandir l'image, fenêtre modale
Cantonnement à l’intérieur des Pénitents Blancs durant la Première Guerre mondiale

Ces laïcs pratiquant la pénitence apparaissent d’abord en Italie dès le XIIIe siècle puis dans le sud de la France à partir du XVe siècle, et se multiplient au XVIIe siècle. Aubagne, avec trois confréries, regroupe au milieu du XVIIIe siècle près d’un millier de pénitents, un sixième de la population. La confrérie des Blancs se forme le 14 juin 1624, à la suite de celle des Noirs (1551), sous le vocable du Saint-Esprit et de la Miséricorde, et utilise une chapelle au boulevard Jean-Jaurès. En 1763, ils acquièrent un terrain non loin des Pénitents noirs pour y construire leur chapelle. La façade baroque porte le millésime de 1772 et bénéficie encore d’une grande ornementation.

La pierre de taille est présente dans l’assise et dans les éléments en relief. Son décor est constitué au registre supérieur de deux statues placées dans leur niche: Saint Pierre (à gauche) et Saint Paul (à droite). Un bas-relief au centre présente la Colombe du Saint-Esprit dans un enroulement de nuages d’où partent les rayons du soleil. L’histoire de la confrérie après la Révolution est à mettre en parallèle à celle des Noirs : ruine du bâti, rétablissement de la confrérie en 1833 (133 pénitents), essor jusqu’en 1850, constitution en société de secours mutuels en 1861 puis un lent déclin.

En 1902, seuls deux pénitents assistent encore à la fête patronale. En 1914, la chapelle est réquisitionnée pour le cantonnement des troupes qui la dépouillent de toutes ses boiseries. Les Scouts de France tiennent leur réunion pendant de nombreuses années dans la sacristie tandis que la nef est leur terrain de jeu. Inscrit aux Monuments Historiques en 1927, le bâtiment a malheureusement bien souffert des vicissitudes du temps et des hommes.

Aujourd’hui, il ne reste rien de sa toiture d’origine et de sa superbe décoration intérieure en gypserie d’ordre dorique. Le tout est parti en fumée lors de la Libération d’Aubagne en 1944, les Allemands y stockant du matériel*. Des travaux lancés en 1948 dans la sacristie, en 1963 sur la toiture puis entre 1978 et 1981 sur les façades ont permis de le maintenir debout. Il attend aujourd’hui un autre destin.

Exposition à Hôtel de Ville du 19/08 au 31/10/2024 du lundi au vendredi de 8h à 18h
*Aubagne tricolore ! Ils nous racontent la Libération…